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Ümlaut  Cie

Ioana Arrufat

"En 1990, je regardais, collée à l'écran, les films de Canal + sans décodeur. En 1994, une appendicite aiguë au milieu de la Corse m'enferme un mois dans un hôpital à côté d'une vieille dame incontinente. En 1995, un homme me montre son sexe dans la pinède allant du camping à la plage. En 1996, j'arrête définitivement la natation et sèche les cours pour aller au cinéma ou à la bibliothèque. En 1997, je donne ma collection de publicités Marlboro. En 1998, je participe à ma première grande manifestation et assiste avec effroi à la violence policière. Mon bac et mon permis de conduire m'offre la liberté. En 1999, je travaille à Genève pour m'acheter une voiture et partir. En 2000, je m'endors au volant, détruis la voiture et reste en vie. 

Je pars quand même, sans voiture.

Depuis 15 ans, nourrie de mes voyages, de mouvements, d'errances aussi des fois et de traversées des mondes, de la plonge de l'OMC à un bureau de voyance téléphonique, du téléphone rose raté aux gares vides pendant la nuit, de la Bulgarie en auto-stop aux écoles, stages et cours de théâtre, du service à domicile et près des vieillards mourants. De la rue, des hammams, des putes et de Mme Laurent avec ses poils aux mentons, des CRS et de leurs bottes sur mon corps, des voyages organisés aux formations en espace public, des rues de Téhéran, de l’apnée à -40m, d'une nuit avec des chiens errants sur une plage, des mains dans mes cheveux et des peaux qui frissonnent, de vacances avec des trisomiques à la cuisine de ma voisine, des séduisants, des magiciennes et de mon père qui pleure dans une rue de La Havane, puis en regardant son chien, puis devant « Le Voyage de Chihiro » ! D’une mascotte de Mario Bros dans une galerie commerçante, des battues de chasse et des pédophiles de mon village, des bus marocains et du port d’Odessa, de ma mère et de sa force, de la cime des arbres, des bars enfumés, des quartiers nord de Marseille à mon C15 sur un parking de l'Estaque, de mon enfance décalée, d'un voile, des hommes qui  n'ont pas le courage de leurs désirs, des gens de gauche qui sont plus à droite que ma droite et de ceux de droite qui ont perdu leur cravate, de la laïcité et d'une prière, des discours et des ballets du collectif et d'y croire encore, des culs serrés, des frustrés et des lumineux, des fétichistes du mohair et des cours d’équitation du milieu du carrefour en regardant vers l'ouest, sur le plongeoir d'une piscine, du fantôme de mon grand père qui traîne son silence et sa révolution aux genoux de mon père qui jouait au Père Noël chaque mois de décembre. De tous ces voyages dans l’infini des humains, j’ai fait des provisions comme une collection de nourriture...Je fonde, en 2015, Umlaut Cie, créations et explorations artistiques parmi les hommes et leurs paysages"

PARCOURS PROFESSIONNEL

 

Apprentie à la FAIAR de 2011 à 2013, j’ai exploré la question de l’engagement artistique sur un territoire sensible: les lieux abandonnés des quartiers nords de Marseille: accompagnée d’acteurs amateurs âgés, j'ai présenté en fin de parcours "L’Heure Exquise". Diplômée d’une double licence universitaire en Sociologie et Art du spectacle, j'explore la photographie argentique, me marie au Maroc et me questionne sur la place du sensible dans la pensée objective. Formée en danse théâtre à Lyon [TDMI], puis élève à l’école Jacques Lecoq, je suis joueuse active au sein de la FAAAC, une quête du collectif en aventures artistiques tel ARMADA en 2013. Je participe à quelques stages auprès de pédagogues et artistes variés ( Alexandre Del Perrugia, Cédric Paga, Armelle Devigon, Sumako Koseki ) et cofonde en 2010 La Cie Du O des branches, créations et installations artistiques dans les arbres, compagnie que j’ai codirigée jusqu’en 2015.

 

Depuis 2003, je collabore et m’investis sur diverses propositions artistiques en France et à l’étranger. De ces expériences et de ces rencontres, je nourris et approfondis ma réflexion en tant que comédienne, auteur et metteur en scène.

ïoana Arrufat, ©Olivier Villanove
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